Zoom sur la forêt plagnarde
La forêt plagnarde est un "poumon vert" d'une richesse extraordinaire tant par ses essences et sa flore, que par la faune qui le peuple des sous-sols à la canopée.
LES GARDIENS DE LA FORÊT
Veiller & agir : L'ONF
Le territoire de La Plagne se compose de près de 25% de forêts communales (soit environ 3500 ha, c'est-à-dire les surfaces du bois de Vincennes et de Disneyland Paris réunies !), auxquelles il faut ajouter les nombreuses forêts privées au recensement plus délicat mais qui doublent cette surface.
Aux traditionnelles missions de l'ONF (Office National des Forêts) s'ajoute depuis plusieurs années une vigilante veille sanitaire en raison du réchauffement climatique. Les forêts de Tarentaise -dont le territoire de La Plagne- se portent bien, et c'est une chance car c'est loin d'être le cas de l'ensemble des forêts de l'Hexagone. Les signes de cette bonne santé à La Plagne ? Une fois en forêt, il faut baisser le nez pour les observer.
Loin d'être aussi ordinaire qu'il peut en avoir l'air, le sol est en effet l'un des meilleurs indicateurs de l'état de la forêt. Grâce à des secteurs entiers difficiles d'accès, les sous-bois préservés regorgent de vie. Un cycle vertueux et régénérant permanent entre la terre et tout un univers à la "Microcosmos" qui s'épanouit dans l'humus. Afin d'éviter les drames que l'on retrouve ailleurs en France, comme la disparition de certaines espèces, l'ONF s'inscrit dans une proactivité cohérente et préventive : entretien de la forêt, contrôles et gestion de la cohabitation entre les différents usagers (tourisme, exploitations agricoles, …), diversification des essences d'arbres, nouveaux plants en nombre, collaboration permanente avec l'Observatoire Environnemental
À l'ONF, la parenthèse hivernale n'est pas synonyme d'inactivité, loin de là. On se concentre sur la surveillance et le suivi de la forêt, notamment le recensement des avalanches. On s'attèle également à la mise en œuvre des projets à venir.
Véronique de Righi responsable ONF d'Unité Territoriale de Moûtiers
"Nous veillons à ce que les nouveaux projets qui fleurissent à La Plagne ne fassent pas reculer la forêt. Nous collaborons avec la SAP, qui a une politique de reboisement et de réduction du nombre de pylônes (-253 pylônes depuis 2006)."
Déplacer les espèces pour mieux les protéger : l'Observatoire Environnemental
Aussi discrètes que scientifiquement rigoureuses, les actions de l'Observatoire Environnemental (créé en 2014 par la SAP -Société d'Aménagement de la Plagne-) sont très concrètement mises en œuvre sur le terrain. Elles comprennent notamment des déplacements d'espèces en amont de projets d’aménagements.
C’est par exemple le cas du papillon Solitaire et de sa plante hôte, l’airelle des marais. Concrètement, des écologues spécialisés viennent sur le terrain avant les travaux pour contrôler la présence de papillons sous forme d’œufs ou de chenilles. S’ils en trouvent, ils les déplacent sur un site favorable et à l’extérieur de la zone de chantier. Une fois cette opération effectuée, les plantes hôtes (sur lesquelles les papillons viennent pondre et se développer) peuvent être déplacées elles aussi en dehors de la zone de travaux. Le but de l’opération est de conserver une surface "habitable" équivalente pour l’espèce de papillon sur le secteur afin de ne pas mettre en péril la survie de cet insecte fragile.
SECRETE FORET
Des habitats remarquables, à découvrir bien accompagné
La Plagne compte plusieurs secteurs protégés dont certains peuvent être parcourus à l'occasion de randonnées encadrées par des guides et accompagnateurs. Ces derniers ont un rôle fondamental pour assurer la bonne cohabitation entre randonneurs et forêt et sont garants des bonnes pratiques.
Trois exemples d'habitats remarquables :
- le Mont-Saint-Jacques où réside à l'année le timide Tétras lyre. En hiver, ce joli gallinacé -également appelé petit coq de bruyère- se construit… un igloo. Mais s'il est dérangé par des skieurs, l'oiseau quitte sa résidence hivernale et ne survit pas. Le Tétras lyre n'est pas une espèce protégée ; en revanche, il fait partie des espèces "parapluie" dont d'autres espèces dépendent directement pour survivre. Un écosystème au fragile équilibre, à préserver absolument.
- les zones humides : quasi invisibles si l'on n'est pas attentif, on les retrouve presque partout à La Plagne, sur le domaine skiable ou à proximité : les zones humides sont des milieux naturels sensibles qui font l'objet de diagnostics écologiques réguliers. On en dénombre près de 120 hectares avec notamment celle du plateau de Carrela en bordure du télésiège, ou encore la tourbière du Lac Noir sur le secteur de Montchavin-Les Coches.
- un autre exemple d'habitat remarquable est celui de la cembraie sur gypse, où le renouvellement du pin cembro ne tient qu'à l'étourderie de l'oiseau casse-noix moucheté qui oublie ses cachettes de graines. Un trésor naturel au cœur du domaine skiable, à 2000 m d'altitude, qui se découvre en raquettes.
Le saviez-vous ?
Espèces protégées :
- la fleur Sabot de Vénus
- le bouquetin
- la chauve-souris, comme le Murin de Bechstein
- la plupart de l'avifaune (i.e. les oiseaux), des mésanges aux rapaces
Espèces non protégées :
- la fleur Edelweiss
- la marmotte
- l'oiseau Tétras lyre
- les bovidés, dont le chamois
- le sanglier
La Cembraie sur gypse, une oasis miraculeuse
Le paysage caractéristique de la Cembraie est façonné au gré des centaines de dolines dans lesquelles s’épanouit une végétation de pins cembro et de mélèzes. Un univers géologique et naturaliste rarissime de 12 hectares situé sur le domaine skiable. Résultat d’une équation unique au monde, cet écosystème allie un sol gypseux, une roche soluble à l’eau et un équilibre qui repose sur les frêles épaules d’un oiseau.
Un oiseau pour clé de voûte
Le repeuplement de la forêt de pins cembro tient aux séances de provisions de cônes de pins du casse-noix moucheté. Après décorticage pour en extraire les graines, il les répartit dans des planques « grenier » choisies minutieusement pour les retrouver l’hiver malgré la neige. Pas infaillible dans ce jeu de piste, il en oublie certaines qui ont la chance de pouvoir germer.
Un équilibre fragile
Une situation géographique au milieu des pistes mérite toutes les attentions pour assurer sa pérennité. Toute l’harmonie de l’écosystème repose sur la tranquillité, que ce soit pour éviter l’érosion du site, l’abîmement des troncs à cause d’un coup de carre de ski ou encore le bruit qui mettrait en péril la survie et le bien-être de ses habitants (renards, écureuils, hermines, lièvres variables et tétras lyres).
Une découverte à pas de loup
Le lieu classé « Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique » n’est pour autant pas un sanctuaire infranchissable. Une balade en raquettes s’avère être l’unique solution pour venir en découvrir tous les secrets ! La prudence est de mise car la zone est en hors-piste, un accompagnement est fortement recommandé.